La naissance d'Auguste
Me voilà!! Entre deux tétées, je cours, je vole, pour vous raconter le dernier volet de notre grande saga de l'été!!!
Dix minutes plus tard et plus rapide que son ombre, mon Chéri me rejoint à l'hôpital. Il avait quitté une femme fraîche et pimpante, il retrouve en salle de travail une femme blafarde, marquée par la douleur et la fatigue, piquée, cablée, électrisée de partout, mais surtout totalement stone après que la péri ait enfin fait son effet.
J'étais tellement stone que je ne ressentais même plus les contractions. En effet, l'anesthésiste m'a injecté une véritable dose de cheval, proportionnelle à ma taille et non à mon gabarit, à tel point que le travail s'était comme littéralement arrêté. Je ne maîtrisais plus du tout l'avancement des choses, ne ressentant ni les contractions, ni l'examen de la sage-femme pour vérifier mon col, ni encore le bébé qui descendait.
J'avais encore moins l'envie de pousser, puisque tout le bas de mon corps était complètement endormi.
A 5h45 du matin et après une demi-heure où rien ne s'est passé, la sage-femme décida qu'il était temps de commencer à pousser, bien que le travail s'était arrêté, afin d'éviter tout risque pour le bébé.
On m'installe les pieds dans les étriers et à ma demande, on relève les poignées du lit, afin d'éviter le broyage des mains de Chéri.
De toutes façons, mon Chéri, qui avait revêtu la tenue de combat, était investi d'une mission, Ô combien périlleuse: faire tenir le masque à oxygène sur mon visage, objet qui m'a plus incommodée qu'aidée, et que je ne tardais pas à chasser de ma vue.
J'étais très zen, encore complètement groguie par l'anesthésie qui me paralysait vraiment tout le bas du corps.
C'est parti, la sage-femme me coache et me fait prendre une grande inspiration, puis m'indique de bloquer, et pousser très fort. Je pousse, du plus fort que je peux, mais pas suffisamment pour faire descendre bébé. On recommence, elle guette les contractions que je ne ressens toujours pas pour m'indiquer quand pousser, et c'est reparti. Je pousse à nouveau, pour moi complètement dans le vide mais qu'à cela ne tienne, on me dit de pousser, et docile, je pousse. Apparemment pas assez fort puisque cette fois la sage-femme m'assène, d'une manière plus directive, de pousser de toutes mes forces: "Allez-y Madame, énervez-vous, oui c'est bien, comme ça, je veux vous voir devenir toute rouge!".
Bien que je pousse de toutes mes forces avec mon bas du corps toujours endormi, on m'indique que mes poussées ne sont pas assez efficaces et qu'on appelle le médecin pour "me donner un coup de main".
Aïe, je connais la signification de cette expression et sais que je vais avoir droit à une intervention médicale..
Par chance, le médecin que je vois arriver, entre mes jambes, les yeux encore à moitié endormis, est celle qui a suivi toute ma grossesse à l'hôpital, une jeune femme médecin très sympa, très pro, franche et directe. lle assiste à une de mes poussées et m'encourage en confirmant que je pousse bien mais qu'elle va m'aider à l'aide de la ventouse. Par contre, si cela ne s'avère pas efficace, elle utilisera le forceps.
Il n'en fallait pas plus pour me motiver à pousser comme jamais et battre mon propre record personnel d'apnée et de poussée dans le vide, jusqu'à concurrencer les tomates du potager.
On fait sortir le papa pendant l'utilisation de la ventouse, puis revenir aussitôt.
Trois à quatre poussées seront finalement suffisantes puisque, rapidement, un cri vient percer le silence. J'étais encore en train de pousser quand on vient placer sur mon ventre ce petit être tout chaud, encore couvert de sang, dont les cris chétifs nous font littéralement fondre de bonheur. Il est enfin là, notre enfant, le fruit de mon Amour, que j'ai porté durant ces neuf longs mois.
Nous l'appelons Auguste.
La découverte est si merveilleuse que j'en ai oublié toute la douleur qui l'a précédée et la dépossession totale de mon accouchement par la péridurale surdosée. Nous sommes là, tous les trois, dans notre bulle et rien ni personne ne peut nous voler ces instants magiques. Nous caressons ce petit être pour lui souhaiter avec réconfort la bienvenue dans notre monde, et nous luis disons combien on l'aime déjà. Nous contemplons sans se lasser l'union de nos deux cellules faites homme.
Nous sommes jeudi 14 août 2008, il est 6h20. Le soleil se lève sur cette nouvelle vie, et sur notre nouveau bonheur. Désormais et à jamais nous sommes une famille, et à l'aube de cette journée, nous nous promettons de ne jamais la désunir.